C’est un article un peu spécial que je vous propose aujourd’hui, car il ouvre un nouveau format : celui de l’interview.
À travers cette série, je vous invite à plonger au cœur de différents métiers d’art et de création, qui font toute la richesse et la beauté de l’artisanat.
Pour cette première édition, j’ai le plaisir de vous présenter la talentueuse Nathalie : créatrice, artisan verrier au chalumeau.
Nathalie façonne avec passion de jolies perles en verre qu’elle monte ensuite en bijoux lumineux et chatoyants, mais pas que !
Ella a gentiment accepté de répondre à mes questions afin de vous faire découvrir son métier absolument passionnant et son univers empreint de délicatesse.
Sans plus attendre, embarquez avec nous pour explorer le monde merveilleux du verre !
Parle nous un peu de toi
Je suis Nathalie, créatrice de la marque Diatomée depuis 2012
Après le lycée, je fais des études d’ingénieur et je travaille quelques années dans l’industrie en tant qu’ingénieur informatique.
En 2011, je décide de tout quitter pour me reconvertir dans un métier qui me ressemble plus et qui fait sens pour moi.
À cette époque, je me tourne vers le vitrail et passe mon CAP de vitrailliste en cours du soir. C’est lors de cette réorientation, que je découvre, par hasard, le métier de verrier au chalumeau et plus spécifiquement la fabrication des perles de verre à la flamme : c’est le coup de foudre !
Je découvre le travail du verre à chaud, un savoir-faire qui demande de la rigueur et de la patience, et qui mêle créativité et technique.
Je commence alors à me former à cette technique étonnante. Une formation qui continue encore aujourd’hui, tant les possibilités et les techniques sont nombreuses et nécessitent de la pratique, de la patience et du temps pour les apprendre et les maîtriser.
Je travaille depuis 2014 dans mon atelier boutique au 42 rue Gassendi à Paris. J’y file et souffle le verre pour fabriquer mes bijoux artisanaux et petites décorations. J’y donne également des stages d’initiation à la pratique du verre filé au chalumeau.
Qu’est-ce qu’un artisan verrier au chalumeau?
La fabrication de perles de verre est un savoir-faire ancestral vieux de plus de 3 500 ans.
À partir du milieu du XXe siècle, sa pratique n’a cessé de décliner en France, dû à la mondialisation et au faible coût de la main d’œuvre des pays émergents, entraînant la fin de la majorité des structures de production françaises.
Mais depuis une vingtaine d’années, elle connaît un nouvel essor. En effet, vers la fin des années 1990, notamment sous l’influence de praticiens nord-américains, huit artisans français passionnés se sont regroupés dans une association, celle des Perliers d’Art de France, afin de relancer la diffusion de la perle de verre auprès du public. Cette association a permis le renouveau de cet art et aujourd’hui, plusieurs centaines de facteurs de perles pratiquent ce savoir-faire ancien dans leur atelier individuel, un peu partout en France.
Même si elles se sont un peu modernisées, les techniques de verre filé au chalumeau restent traditionnelles : du verre en fusion est enroulé autour d’un mandrin en acier avant d’être décoré. Les techniques de base sont peu nombreuses, mais leur combinaison et leur niveau de maîtrise ouvrent des possibilités infinies.
Le perlier à la flamme, est habituellement assis derrière son chalumeau qui est fixé à une table devant lui. Ce chalumeau est alimenté par du gaz et de l’oxygène. La combinaison des deux permet de faire monter la flamme à la température de travail, située entre 700 et 1000 °C. Le temps de travail à la flamme nécessaire à la fabrication d’une perle de verre peut varier de quelques secondes à plusieurs heures sur une seule perle. La taille des perles de verre réalisées peut aller de quelques millimètres de diamètre à une dizaine de centimètres de longueur.
Les perliers en France utilisent, pour la plupart, le verre de type sodo-calcique. En France, le principal verre de cette famille utilisé est le verre Effetre, fabriqué sur l’île de Murano (Italie). Mais d’autres verres sont également utilisés : venant des États-Unis, de Chine, d’Allemagne ou de République Tchèque.
L’art de la perle de verre est un savoir-faire ancestral, inscrit depuis 2020 au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité (inscription Franco/italienne). J’ai eu l’honneur de faire partie du groupe de travail qui a élaboré ce dossier d’inscription binationale à destination de l’UNESCO. La reconnaissance, la mise en valeur et la transmission des savoir-faire artisanaux sont essentielles pour qu’ils ne se perdent pas, et cette inscription permet de mettre en lumière ce cet artisanat encore trop peu connu.
Qu’est ce qui te plait le plus dans le métier de verrier au chalumeau?
La découverte sans cesse de nouvelles techniques, de nouvelles perspectives, de nouvelles couleurs de baguettes de verre : j’adore les couleurs !
Et qu’est ce qui te plait moins ?
Le nettoyage des perles quand on les sort du four.
Une perle “classique” est faite sur un mandrin en inox recouvert de ce qu’on appelle un séparateur. Cette substance va permettre d’isoler le métal de la chaleur (le mandrin est mis dans une flamme à 800 degrés et on le manipule à main nu) , et va permettre également à la perle de verre de ne pas coller de façon définitive au mandrin pour que l’on puisse la retirer une fois qu’elle aura refroidie.
En la retirant du mandrin à froid, une partie du séparateur resté collé à la perle à l’intérieur du trou, il faut alors le nettoyer avec des pointes diamantées et de l’eau….Ce n’est pas la partie la plus plaisante!
Que peut-on faire avec du verre?
Les possibilités sont vraiment très grandes ! Car quand on parle de verre, on peut parler également du travail du verre à froid comme le vitrail, ou la décoration sur verre comme la gravure par exemple ou le travail à chaud au four, au chalumeau, à la canne.
Pour chaque famille, les perspectives sont nombreuses : des bijoux, des objets de décoration (comme des boules de noël ou des luminaires), des objets utilitaires (tels que des vases, ou des verres à vin) ou même de la verrerie scientifique. La production peut-être artisanale ou industrielle.
De quelle création es-tu la plus fière?
Voilà des créations que j’aime beaucoup, je ne sais pas si ce sont celles dont je suis la plus fière, mais elles font partie de mes préférées
Elles utilisent la technique traditionnelle de l’implosion : faire émerger comme des pétales de fleurs dans le verre. C’est une technique qui demande de l’entraînement pour être maîtrisée et pouvoir créer des décors délicats et harmonieux.
Dans celles-ci, je joue également avec la transparence de certaines couleurs pour créer des halos et des nuances dans la fleur. Ce sont des pièces lumineuses et colorées comme j’aime !
Où peut-on admirer tes créations?
Mon travail est accessible, bien sûr, dans mon atelier boutique parisien. J’expose également dans un réseau de boutiques de créateurs en région parisienne à l’année.
Je participe ponctuellement à des marchés de créateurs, des boutiques éphémères et je suis vendue dans quelques points de ventes en île de France.
Dans le monde virtuel, on peut me retrouver sur instagram @diatomeverre, et sur mon site internet www.diatomeebijoux.com
J’espère que cette première entrevue vous aura plu et que vous avez pris plaisir à découvrir ce métier fascinant de verrier au chalumeau.
Un grand merci à Nathalie de nous avoir partagé sa passion et de nous avoir fait entrer, le temps d’une lecture, dans le monde étincelant du verre.
Pour continuer à découvrir son univers coloré, n’hésitez pas à la suivre sur son Instagram, je suis sûre que, tout comme moi, vous serez charmé par la beauté de ses créations. Et si vous êtes sur Paris, pourquoi ne pas vous laisser tenter par un stage d’initiation? Nathalie en propose à son atelier boutique !
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En attendant vous pouvez explorer mes autres publications comme par exemple, “Trésors du passé: Les premiers bijoux de l’histoire“, un voyage temporel pour vous faire découvrir les toutes première parures connues.
Sur ce, je vous dis à très bientôt pour de nouvelles découvertes !
Aurélie et Nathalie